Les lundis en archives | Les problèmes de logement en 1981
Publié le 3 décembre 2015
C’était comment, la Goutte d’Or, il y a 50 ans ? 20 ans ? 5 ans ? Tous les lundis,
C’était comment, la Goutte d’Or, il y a 50 ans ? 20 ans ? 5 ans ? Tous les lundis, Goutte d’Or & Vous ressort une archive des cartons qui témoigne de l’évolution du quartier. Nous braquons cette semaine les projecteurs sur un document de 1981 du Collectif Logement Goutte d’Or qui fait état de plusieurs problèmes d’urbanisme et de logement.
Au début des années 80, de nombreuses voix s’élevaient contre un problème qui paraît central dans le quartier de la Goutte d’Or. Le Collectif Logement Goutte d’Or entendait « affirmer que des hommes vivant dans ce quartier, veulent continuer à y vivre mais dans de meilleures conditions ». Ces habitants du quartier cherchaient à alerter l’opinion publique pour que des mesures concrètes soient mises en œuvre. De plus, ils se constituaient comme une opposition au Conseil municipal de Paris qui avait lancé en 1978 une opération d’amélioration de l’habitat dans le secteur Château-Rouge qui n’offrait pas toutes les garanties aux locataires déjà installés et n’apparaissait pas comme un plan urbain réfléchi à l’échelle du quartier. Le collectif réclamait notamment que la réhabilitation respecte « la cohabitation des cultures dans des logements décents » et « le maintien sur place des habitants actuels ».
Pour rendre concret et montrer que ces problématiques touchaient une large part des foyers de la Goutte d’Or, les militants ont dressé alors une liste non-exhaustive des immeubles directement concernés. Des interviews ou des textes rédigés par les habitants montrent que derrière ces problèmes immobiliers il y a bien des histoires humaines.
Extraits de la liste des immeubles
18bis rue de la Goutte d’Or : « Ceux qui vivent là, Maghrébins, Africains, Français, Italiens, à l’accueil chaleureux, refusent la situation qui leur est volontairement faite depuis des mois par leur propriétaire. Couper l’eau un 23 décembre, c’est inadmissible ! ».
9 rue de la Goutte d’Or : « Voilà les 13 locataires (parmi lesquels des personnes
âgées, des enfants, etc...) sur le trottoir un samedi soir avec, pour unique
consolation de la part d’un employé de la Mairie présent sur place : "Trouvez-
vous un hôtel et on verra ça lundi," ».
14-16-18 rue de la Goutte d’Or : « Trois étages avaient été rachetés par un marchand de sommeil qui, après avoir loué à des travailleurs yougoslaves, loua après 1970, à des travailleurs maliens ».
28 rue de la Goutte d’Or : « En 1978, cet immeuble a été squattérisé, est devenu un lieu de prostitution et s’est trouvé complètement dégradé ».
34 rue de la Goutte d’Or : « Octobre 1980 : une corniche de l’immeuble sur cour s’effondre. La Préfecture et les pompiers, alertés, font au propriétaire une mise en demeure de réparer. En janvier 1981, rien n’est encore fait ».
12 rue Caillie : « Les occupants ont été relogés de façon précaire dans des cités de transit ».
1 rue Léon : « Le 28 mars 1980, les locataires sont informés par une lettre recommandée qu’ils doivent quitter les lieux dans les deux mois qui suivent. Ils sont alors seulement prévenus que cette menace pesait sur eux depuis mars 1976 ».
6 rue Laghouat : « Depuis presque un an que ces différentes pressions durent, les travaux nécessaires à la sécurité de l’hôtel ne sont toujours pas exécutées : peut-être espère-t-on qu’en rendant les conditions de logement plus pénibles, les locataires se décourageront plus facilement ».
18 rue Marx-Dormoy : « Pour une pièce, avec coin cuisine et salle d’eau de 10 à 12 m², le loyer peut monter jusqu’à 1100 et même 1500 F. ».
Loyers au montant abusifs, marchands de sommeil, conditions de vie indécentes, relogements aléatoires, coupures d’eau ou d’électricité, logements en sureffectifs : voilà en somme les différents problèmes rencontrées et signalés dans ce dossier et qui sont récurrents dans le quartier de la Goutte d’or en dépit de la rénovation urbaine.