Un média de quartier de la Goutte d’Or
Après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes, de nombreuses réactions et différents débats ont animé l’espace public.
Ces attentats soulèvent des doutes, des craintes, des questions et pour s’y retrouver un peu mieux et continuer d’avancer, Goutte d’Or & Vous a réalisé une revue de presse des papiers qui ont été lus, des émissions qui ont été entendues et des liens qui nous ont été transmis.
Cette revue de presse ne se veut pas exhaustive mais déroule dans les grandes lignes ce qui s’énonce dans les différents médias.
La rubrique reste ouverte à d’autres regards si vous souhaitez nous en faire parvenir.
> > > Pour retrouver la deuxième partie de notre revue de presse
Petit rappel sur la liberté d’expression
Pour commencer, la rubrique « Les Décodeurs » du journal Le Monde a publié deux papiers qui nous permettent d’y voir plus clair sur la question de la liberté d’expression : « De Charlie à Dieudonné, jusqu’où va la liberté d’expression » et « Charlie Hebdo, 22 ans de procès en tout genre ».
On y apprend notamment que :
Le cas particulier de l’humour : Charlie Hebdo & Dieudonné
L’humour est un cas particulier, et c’est pourquoi il est à la fois difficile à traiter pour la justice, et compliqué à saisir pour le public. Il existe un « droit à l’irrespect et à l’insolence », qui s’applique notamment aux caricatures et aux humoristes. De plus, la loi n’interdit pas de se moquer d’une religion - la France est laïque, la notion de blasphème n’existe pas en droit - mais elle interdit en revanche d’appeler à la haine contre les croyants d’une religion, ou de faire l’apologie de crimes contre l’humanité.
A titre d’exemple, Dieudonné a régulièrement été condamné pour apologie de crimes contre l’humanité, et Charlie Hebdo jamais.
Charlie Hebdo a déjà été condamné, surtout pour injures ; ils ont perdu 9 procès sur 48 depuis 20 ans. Dieudonné a lui aussi été condamné à de nombreuses reprises, la plupart du temps pour apologie de crime contre l’humanité mais il a aussi été acquitté quand la justice a considéré que c’était de l’humour, de la caricature, ou de l’insolence, et non des insultes.
Charlie Hebdo, c’est quoi ?
Voici un article qui raconte Charlie Hebdo et son « état d’esprit » si particulier. On y lit notamment que Charlie Hebdo, c’est « l’humour bête et méchant », et nous raconte ses liens particuliers avec le pouvoir, et notamment Charles de Gaulle. La Une sur la mort de l’ancien Président ayant causé la disparition d’Hara Kiri, son ancêtre.
Charlie Hebdo se sont aussi des personnes qui défendent la liberté d’expression et qui luttent à leur manière contre le fanatisme religieux. Charb le dénonçait : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/428288/charlie-hebdo-mort-aux-devots-incroyants dans Extrait de « Les fatwas de Charb. Petit traité d’intolérance. Tome II. » Les Échappés Charlie Hebdo, Paris, 2014 (pages 82 à 84)
Je suis Charlie ?
Quelques jours après l’attentat, une minute de silence a été organisée dans les collèges et les lycées. Certains élèves ont refusé d’y participer. Ils sont largement minoritaires mais ce petit nombre fait pourtant poser beaucoup de questions. C’est ce que raconte Le Monde dans ce reportage réalisé dans un lycée de Seine-Saint-Denis.
Toutefois, la démarche du Monde a été critiqué : Pourquoi aller réaliser ce reportage dans le 93 et pas ailleurs ? La tribune d’une prof met en exergue les contradictions du journal et dresse un constat des classes de « banlieue ».
http://www.bastamag.net/Pour-mes-eleves-de-Seine-Saint
Les jeunes de Grigny refusent aussi les amalgames et créent une tribune vidéo en réponse à l’article du monde pour exprimer leur ras-le-bol des préjugés et les raccourcis journalistiques trop faciles.
http://www.konbini.com/fr/tendances-2/video-jeunes-banlieue-marre-des-prejuges/
Charlie Hebdo, le rap et les artistes
Charlie hebdo et le rap, un point commun : l’antiracisme. Et pourtant le journal était devenu la cible de nombreux rappeurs. Rappeurs qui se sont empressés de condamner les attentats et reconnaissent avoir été trop loin dans leurs attaques contre le journal.
Pour autant, les attentats pointent du doigt un désenchantement des actions et des engagements politiques que l’interview de Rocé énonce : « L’État crée le danger qu’il dénonce ».
Dans cette crainte de l’amalgame, au travers cette fragilité d’une population stigmatisée, encore plus depuis ces dernières semaines, des artistes prennent la parole ou écrivent, à défaut de dessiner, avec l’espoir, sans doute, d’interpeller et de sensibiliser le public.
Jamel Debbouze : http://www.humanite.fr/jamel-debbouze-plus-jamais-ca-563215
Grand Corps Malade : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/video-grand-corps-malade-slame-pour-charlie-hebdo_1639437.html
Tryo : https://www.youtube.com/watch?v=yNpOz44RM20
Comment en est-on arrivé là ?
Parce que ces attentats ont ébranlé toute la France et bien au delà, les questions s’enchaînent, s’amoncellent, se perdent, s’orientent dans plusieurs directions : sur la vie en banlieue, le rapports aux institutions, la mixité sociale, l’école... Différents regards analysent aussi les voies de la radicalisation religieuse, offrent des réflexions sur les mécanismes de l’exclusion ou encore les difficultés de la transmission des valeurs.
Dix jours après les attentats qui ont frappé l’hexagone, France Culture consacre une journée de programmes sur le thème « Les enfants perdus de la République : après le choc Charlie, que faire ? ».
Reportages, témoignages, paroles de professionnels en prise directe avec la jeunesse - enseignants, éducateurs, entraîneurs, gardiens de prison, etc.
France Inter, dans la Marche de l’Histoire, nous replonge dans une histoire de l’immigration : « Quelle histoire de l’immigration raconte-t-on ? » avec Dominique Borne, historien, doyen honoraire de l’Inspection générale de l’éducation nationale.
Il animera une conférence le 4 mars à l’Institut des Cultures de l’Islam rue Stephenson.
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1026391
L’Hebdo interview Nordine Nabili, le directeur du Bondy Blog, qui décrit ses peurs, ses craintes pour une partie de la jeunesse autour d’une problématique loin d’être nouvelle et que trop de monde prétend découvrir.
Une prof redit avec d’autres mots cette peur pour ses/ces élèves : http://tailspin.fr/post/107696839163/pour-mes-eleves-de-seine-saint-denis#notes
Et d’autres dénoncent ce que, selon eux, notre système a créé et dont nous sommes responsables. Chaque société génère ses propres dérives...
http://blogs.mediapart.fr/blog/p-thome/130115/serait-ce-la-faute-voltaire-lettre-de-professeurs
Jean-Marie Le Clézio, écrivain, continuera dans ce sens, en demandant aux générations futures de créer « un monde meilleur », « car la nôtre n’a pas su, ou n’a pas pu, empêcher les crimes racistes et les dérives sectaires ».
Le politique ne dira pas que la prise de conscience est nouvelle mais qu’il faut réaffirmer et réengager des valeurs qui ont été trop longtemps délaissées car perçues comme acquises.
Christine Taubira dira, lors d’un discours au moment de l’enterrement de Tignous : « Quelque chose était en train de s’avachir en nous... Ce tocsin nous rappelle nos ambitions trop souvent abandonnées de la justice sociale, de l’éducation, de l’attention à l’autre. Nous devons retrouver cette intransigeance qui caractérise Tignous. »
Et à travers le monde ?
Alors que l’équipe de Charlie Hebdo a révélé sa future Une le mardi suivant les attentats, la presse étrangère se divise sur l’opportunité de la reproduire. Elle reste partagée sur l’aspect "choquant" du dessin représentant le prophète Mahomet.
Le Courrier international a construit un dossier sur les différents regards à travers le monde.
http://www.courrierinternational.com/dossier/2015/01/08/attentat-contre-charlie-hebdo
par InfosGouttedOr 
