Un média de quartier de la Goutte d’Or
Nicole et Preston sont deux étudiants américains venus en échange à Paris. L’une étudie l’Histoire, l’autre les Sciences Politiques. Depuis le mois de février, ils viennent bénévolement à la Salle Saint Bruno pour découvrir le quartier de la Goutte d’Or à travers les activités des associations.
Pour leur première semaine, ils ont visité en avant-première l’exposition Regards posés. Hammams de la Médina de Tunis, présentée à l’Institut des Cultures d’Islam du 11 février au 4 avril 2016. Ils vous racontent ici leur impressions et ont chacun choisi une photo qui leur parlait.
« L’exposition est composée des photos de 19 photographes, ce qui permet de découvrir des regards variés sur le hammam, un lieu et une tradition qui sont en voie de disparition en Tunisie. Ensemble, les photos expriment le fait que les hammams sont beaucoup plus que des lieux. Ils contiennent les histoires des individus, d’un patrimoine unique et d’une culture vivante. »
L’avis de Nicole
« L’exposition est pour moi une bonne manière de découvrir la culture tunisienne et aussi la Goutte d’Or. J’ai compris rapidement qu’il y avait beaucoup d’histoires, soit à Paris soit en Tunisie, qui méritent d’être racontées. J’ai beaucoup aimé comment chaque photographe a approché le sujet d’une manière unique. J’ai pu voir que quelques photographes étaient plus intéressés par les liens humains, d’autres par les individualités, ou encore l’architecture. »
© Mahdi Chaker - Hammam Saheb Ettabaa
« La photo que j’ai trouvée particulièrement intéressante est celle de Mahdi Chaker. La photo est prise dans le hammam Saheb Ettabaa. Tout d’abord, l’architecture de l’intérieur est remarquable. Considérant aussi le reflet sur la table, la photo est avant tout belle. Mais ce qui m’intéresse ensuite est la bouteille d’eau placée sur la table. C’est presque frappant de voir un objet si banal dans le contexte d’une photo qui illustre le patrimoine tunisien. Je l’ai interprétée comme un rappel de la force de la modernité et peut être la menace qu’elle pose pour les hammams. La bouteille donne de la spontanéité au cliché et, par extension, la sensation d’être dans la réalité. J’ai apprécié l’intervention au début de la visite de Jamila Binous, vice-présidente de l’association L’Medina Wel Rabtine à l’initiative de ce projet, quand elle a expliqué qu’un des buts de l’exposition est d’éviter l’image carte postale de la Tunisie en faveur d’une réalité qui est moins simple, mais toujours plus intéressante. »
L’avis de Preston :
« Je me suis particulièrement intéressé aux photos d’Arnalto Genitrini. Contrairement aux photos plus humaines et plus intimes du projet, celles de ce photographe représentent un hammam vide et dans un état d’abandon devenant de plus en plus irréversible. Prises dans le hammam El Metihra, ses photos accentuent les décombres sur le sol, la peinture qui s’écaille, les fentes dans le crépie coloré de turquoise. »
© Arnalto Genitrini - Hammam El Metihra
« Le sens de la négligence est palpable ; c’est très ironique de voir un lieu consacré à la propreté devenir aussi poussiéreux. Cependant, les photos montrent un espoir, grâce à l’esprit du hammam. Malgré la détérioration qui menace, le hammam préserve son ambiance, une spiritualité dévouée. La force de cette ambiance tranche avec la réalité de l’abandon, mais elle nous rappelle aussi le rôle du hammam : celui d’être un centre de la contemplation du corps et de l’esprit. Le message des photos est clair : les hammams peuvent survivre, à condition que la communauté de la Médina et ses usagers s’en occupent. »
par InfosGouttedOr 
